SUPER MARIO 64
Super Mario 64 a été le jeu de lancement de la Nintendo 64 et reste encore aujourd'hui un titre majeur dans l'histoire du jeu vidéo.
Un petit plombier moustachu vivant dans un pays imaginaire où l'on s'amuse presque tout le temps, entouré de personnages ressemblant à des peluches : on ne présente plus Mario et son univers, ce personnage dont Nintendo a fait sa mascotte et qui, aujourd'hui encore, est une des célébrités animées les plus connues au monde, se plaçant même, selon une enquête américaine, devant Mickey Mouse! De Super Mario Bros à Super Mario World, en passant par des spin-offs comme Mario RPG ou le célébrissime Super Mario Kart, Nintendo a toujours exploité au maximum son personnage phare, nous servant des jeux plus ou moins intéressants, mais toujours de très bonne facture.
Au milieu des années 90, la PlayStation est entrée en force sur le marché du jeu vidéo, s'assurant une nette domination d'emblée. Nintendo ne veut pas se laisser faire, et propose une console 64 bits, pour tenter de reprendre sa place de numéro un mondial et leader incontesté du marché. La Nintendo 64 est alors lancée, accompagnée de 3 jeux au lancement, dont le tant attendu Super Mario 64. On craignait une chose : que le passage de la 2D vers la 3D fasse dénature l'univers du plombier moustachu. Cette transition tant appréhendée a été négociée par Nintendo de la meilleure des façons, Super Mario 64 est le condensé de tout ce qu'on aurait vraiment pu faire avec la N64, et un manuel de référence de ce qui fait un bon jeu de plate-formes 3D!
Le monde de Mario, bien que très kitsch et pouvant paraître enfantin, reste pourtant bien présent dans la tête de la majorité des gamers (et d'autres personnes qui le sont moins, ma maman chérie ne me démentira pas...). On connaît tous le Royaume Champignon, dirigé par la princesse Toadstool, assistée par des petits champignons appelés Toads. Malheureusement, le roi des Koopas (sorte de croisement entre une tortue et un dragon), Bowser, kidnappe régulièrement la princesse, et à chaque fois, deux plombiers, les frères Mario et Luigi Mario, doivent voler à son secours. Cet ersatz de scénario, prétexte à toutes les versions plates-formes de la série, suffisait largemen à satisfaire les joueurs dans les épisodes précédents sur NES et Super NES. Mais entre la Super Nintendo et la Nintendo 64, il n'y a pas que le jeu vidéo qui a évolué, les joueurs aussi. Ils ont grandi, sont devenus des adolescents (voire des adultes), et ils ne se satisfont plus vraiment d'un scénario qui tient sur 2 lignes pour justifier l'aventure. Nintendo devait donc creuser un peu plus l'histoire du jeu, essayer d'en sortir quelque chose de plus consistant, qui aurait pu à la fois montrer ce dont leur console était capable, et offrir un jeu intéressant, accrocheur du début jusqu'à la fin, au gameplay bien ficelé. Difficile, me direz-vous? Mais c'est sans compter sur le talent des équipes de Nintendo, qui ont brillamment relevé le défi, et ont parfaitement gérer la transition sans que la série n'en souffre.
Il a d'abord fallu, comme je le disais, un peu plus creuser le scénario habituel pour en tirer quelque chose de potable. Ainsi, tout part d'une lettre que la princesse Peach aurait écrite à Mario, lui enjoignant de la retrouver au château pour savourer un gâteau qu'elle venait de lui préparer. Notre petit plombier libidineux (Note de LS : pourquoi libidineux? Tu n'imagines quand même pas que Mario avait une idée derrière la tête en pensant au gâteau de la princesse? :p) ne se fait pas prier, l'appel du ventre est plus fort que tout. Mais en arrivant, il est accueilli par une voix grave qui le somme de vider les lieux. Mario, perplexe, se lance dans un des tableaux animés du château et comprend qu'il s'agit d'un traquenard de l'horrible Bowser (ben ouais, encore lui). Voilà notre héros parti une nouvelle fois pour libérer la princesse Peach. Mais pour cela, il devra d'abord retrouver les 120 étoiles qui rendront la vie au château, ouvriront de nouveaux mondes à explorer, et lui permettront de vaincre Bowser. Au menu : des énigmes, de l'exploration, et des combats contre les sbires de Bowser. On sent d'emblée que pour le premier Mario en 3D, les développeurs n'ont pas voulu limiter le jeu à un enchaînement de plates-formes, mais y ont ajouté une grande part d'aventure et d'exploration. L'évolution n'est donc pas que graphique, mais également dans l'essence même du jeu et la manière de l'appréhender. Un premier bon point donc pour Super Mario 64!
Passons au jeu en lui-même. La scène d'introduction, sans être une cinématique en haute définition, est tout de même très bluffante, tant les graphismes sont bien modélisés et les couleurs nettes. En lançant la partie pour la première fois, vous lirez la lettre que Peach a envoyée à Mario, et pourrez vous promener dans les alentours du château, où se truovent quelques tutoriaux subtilement glissés sur votre chemin, sous la forme de panneaux que vous pourrez consulter pour mieux maîtriser les mouvements de Mario (saut en longueur, triple saut, attaque rodéo, ...), et récoler quelques indices fort utiles dans votre quête. Lakitu vous expliquera également comment gérer les caméras au mieux pour garder l'oeil sur Mario et ne pas perdre de vies à cause d'un mauvais angle de vue. Ensuite, vous pénétrez dans le château à la recherche de la princesse et de vos premières étoiles dans le monde des Bob-Ombs. Le reste s'enchaînera naturellement, et vous voilà parti pour des heures de Super Mario 64! Je vous garantis que vous ne verrez pas le temps passé.
Du point de vue graphique, il n'y a absolument rien à redire : une telle oeuvre n'avait jamais été réalisée sur console auparavant. Tout a été parfaitement dosé, modélisé, avec de superbes couleurs à l'appui. La 3D est exploitée à 100%, l'animation de Mario, des ennemis et même des décors est parfaitement fluide et procure un énorme plaisir de jeu. À cela s'ajoutent des musiques excellentes, dont certaines sont des remises au gout du jour de thèmes mythiques que tout fan de la série reconnaîtra à la première note (comme celle de l'introduction qui tapisse bon le vieux Super Mario Land). On note aussi une parfaite cohérence entre les niveaux et les musiques (l'extrait du niveau des fantômes, par exemple, est à vous glacer le sang), et le détail est poussé à un tel point qu'il arrive à Mario de tousser dans un stage où on trouve du gaz toxique! Il existe aussi d'autres petites animations d'ambiance, comme un Mario qui cligne des yeux, s'essouffle après avoir couru longtemps, ou qui s'endort en rêvant à voix haute de spaghettis et de raviolis (si vous restez longtemps sans réagir, un peu comme un écran de veille). Bref, cette réalisation parfaite est une des forces principales de Super Mario 64, et nous permet de comprendre pourquoi le jeu a fait l'unanimité dès le premier jour, et est toujours une référence aujourd'hui, plus de 10 ans après sa sortie!
Le passage à la 3D posait une autre question épineuse : quid de la jouabilité? En effet, la plupart des jeux en 3D de l'époque avaient une maniabilité assez médiocre, peu précise, et des angles de caméras pas toujours adaptés (Note de LS : qui a dit "Tomb Raider"?). Encore une fois, Nintendo s'en est sorti de main de maître, la jouabilité de Super Mario 64 est tout simplement parfaite! Les treize touches utilisables dans le jeu n'embrouillent pas le joueur, on s'y fait assez rapidement, que l'on soit un habitué du jeu vidéo ou un débutant. Les premiers retrouveront des mouvements des anciens volets (telle l'attaque rodéo de Yoshi's Island par exemple) transposés en trois dimensions et de nouvelles possibilités comme le triple saut, tandis que les seconds auront la possibilité de les apprendre grâce aux panneaux explicatifs dispersés dans les différents niveaux du jeu.
Ainsi, contrôler Mario devient un vrai plaisir, il court, saute, nage, glisse, rampe et vole en toute simplicité, sans jamais frustrer le joueur à cause d'une mauvaise manipulation ou d'un temps de réponse inadéquat. Vous pourrez, en fonction de votre position, effectuer une large palette de mouvements, allant de l'attaque Rodéo précitée, au saut en longueur, en passant par le triple saut, le saut mural, et même donner des coups de poings à vos ennemis pour les écarter. L'interaction avec le décor est également au rendez-vous, vous pourrez grimper aux arbres, vous suspendre sur les grilles, vous faufiler sur une corniche, ou glisser sur des pentes abruptes. Tous ces mouvements sont assimilés après une heure de jeu au maximum, et avec un peu de pratique, vous acquérrez vite une certaine logique d'action. On s'adapte aussi tout aussi vite au stick multidirectionnel, avec lequel on dirige Mario librement dans l'univers en 3D intégral du jeu, et permet même des mouvements inédits, comme faire tournoyer Bowser en le tenant par la queue pour le propulser sur des bombes.
Un autre problème récurrent dans les jeux en 3D que l'on pouvait craindre, c'est la gestion des caméras et des angles de vue. Encore une fois, Nintendo a géré son affaire à la perfection, en plus d'une excellente gestion "par défaut", ils ont prévu une gestion manuelle de la caméra via les quatre boutons C et les gachettes de la manette, ce qui vous permet de placer la caméré dans l'angle qui vous convient le mieux. Vous pouvez zoomer sur le nez de Mario, le diriger de haut, de côté, de près comme de loin, et même passer en vue subjective pour observer les alentours.
La quête en tant que telle est très variée. Les principaux stages sont représentés sous forme de tableaux dans lesquels Mario doit pénétrer pour y récupérer les sept étoiles qui y sont disséminées. Dans chaque niveau, on retrouve 7 épreuves différentes donnant chacune une étoile en récompense. Deux types d'épreuves sont néanmoins récurrents de chacun des 15 mondes du jeu : la quête des 8 pièces rouges et la récolte des 100 pièces jaunes, réputées pour être les plus difficiles des derniers mondes. Les quêtes à réaliser pour obtenir les étoiles sont assez variées. Au hasard, vous devrez remporter une course, atteindre le sommet d'une forteresse ou le fond d'un lac, traverser une succession de plate-formes mouvantes ou résoudre des casse-têtes pas spécialement enfantins. De même, les mondes sont assez différents les uns des autres, vous passez d'une colline fleurie à un océan de lave, en passant par un désert aride, une horloge géante, une montagne enneigée, une caverne inondée, jusqu'à un monde perdu dans les nuages. Si vous savez compter, vous vous êtes certainement dit "15 mondes avec 7 étoiles dans chaque, cela fait 105 étoiles, où sont donc les 15 dernières?". Et bien, ces quinze dernières étoiles sont appelées les "Etoiles secrètes du château", et pour les trouver, vous devrez explorer minutieusement la demeure de la princesse Peach, et ne pas hésiter à discuter avec tous les personnages que vous y rencontrerez.
Au cours de l'aventure, vous ramasserez des casquettes, donnant temporairement 3 pouvoirs spécifiques à Mario. La casquette métallique (bocs verts) le rend invincible et lui permet de marcher sous l'eau. La casquette d'invisibilité (blsc bleus), comme son nom l'indique le rend invisible et lui permet de traverser certains murs. Enfin, la casquette ailée (blocs rouges) lui permet de voler et atteindre des zones qui semblaient inaccessibles. Pour cela, il vous faudra au préalable trouver les interrupteurs spéciaux qui activeront les blocs où elles se trouvent. Notez que les casquettes sont indispensables pour terminer l'aventure, et que vous activerez les trois interrupteurs de manière "logique" au cours de l'aventure.
Un autre changement majeur par rapport aux opus précédents, c'est la gestion de la "vie" de Mario. Là où vous aviez l'habitude de commencer petit, prendre un champignon pour devenir Super Mario, et ensuite un item pour obtenir un pouvoir spécifique (fleur, aile, costume de grenouille, etc), et ne mourir qu'au contact d'un ennemi sous votre forme normale, Nintendo a complètement chamboulé son système pour en proposer un à base de "points de vie". Mario commence donc chaque niveau avec 8 points de vie, et peut en perdre au contact du feu, d'un ennemi, d'un élément de décor hostile (bloc de pierre, épines, ...), lors de chutes trop vertigineuses, ou lorsqu'il reste trop longtemps sous l'eau. Mais pas d'inquiétuds à avoir, chaque pièce jaune récupéree vous rendra un point de vue (une pièce rouge en rend 2 et une pièce bleue, 5), de quoi voir venir. Encore une petite nouveauté, Mario peut désormais se faire chipper sa casquette par certains ennemis, ce qui le rend plus sensible aux chocs et lui fait perdre le double de points de vie lors d'un contact ou d'une chute. Si malgré tout vous veniez à mourir, sachez que les fameux champignons "1UP" sont toujours bien présents, et vous donneront de confortables réserves de vie pour terminer le jeu.
Une chose que je regrette par contre, c'est l'absence totale de Luigi, dont on n'évoque même pas l'existence. A défaut d'être contrôlable dans l'aventure, il aurait au moins pu servir d'aide ou de prétexte à des mini-jeux. De plus, Yoshi n'est visible qu'une fois l'aventure terminée et ne sert strictement à rien (je vous laisse découvrir ce qu'il vous donne). Malgré tout, ne faisons pas la fine bouche devant le travail magnifique accompli par Nintendo, qui a su relever haut la main le défi de transposer sa série phare en 3D, et offrir aux joueurs un des meilleurs jeux de tous les temps, qui a posé les bases de la plate-formes 3D et est encore cité aujourd'hui comme étant LA référence du genre.
En définitive, Super Mario 64 s'avère être une perle rare dans le monde des jeux vidéo. En effet, c'est l'une des rares séries dont le passage de la 2D à la 3D a été parfaitement réussi, en proposant même un jeu de légende qui restera à tout jamais gravé dans la tête des gamers de l'époque. Permettant d'évoluer dans un monde mythique, avec une excellente jouabilité, une réalisation irréprochable et une durée de vie illimitée, on se retrouve là face au jeu idéal, auquel on ne saurait reprocher que des broutilles sans réelle importance sur lesquelles ne s'attarderont que quelques chipoteurs. Rien ne vous fera lacher la manette facilement quand vous vous y mettrez, quels que puissent être vos préférences en matière de jeu vidéo, foi de Sega Fan!