SHADOWGATE 64: TRIAL OF THE FOUR TOWERS
Shadowgate sur Nes connait une suite sur Nintendo 64 ! Bonne ou mauvaise nouvelle ?
Un peu de nostalgie
Aaaah Shadowgate ! Étant trentenaire, j'ai découvert cette série sur la NES. Je me rappelle d'une histoire originale ponctuée d'écrans fixes, d'énigmes retorses et de la mort qui vous attendait au moindre faux pas ! Un excellent souvenir, même si diriger un pointeur de souris à la manette était quelque peu pénible.
C'est donc avec un brin de nostalgie que j'ai découvert cette suite directe du jeu NES. Toujours éditée par Kemco, celle-ci se passe près d'une centaine d'années après le premier épisode durant lequel le mage Lakmir avait permis à Jair de s'aventurer dans le château de Shadowgate. Celui-ci avait ainsi empêché le mal, incarné par le personnage du Seigneur Sorcier, d'envahir le royaume de Kal Torlin. Jair ayant triomphé du Seigneur Sorcier et de son Behemoth, il fut désigné seigneur puis roi de Kal Torlin tandis que Lakmir s'occupa de sceller le Seigneur Sorcier et transforma le château de Shadowgate en école de magie.
L'aventure commence en prison
Cent ans plus tard, Lakmir et Jair sont morts et le château de Shadowgate est à l'abandon, occupé par bon nombre de pillards et voleurs. C'est dans ce contexte que démarre Shadowgate 64, lorsque des voleurs attaquent la caravane de votre personnage, l'elfe Del Cottonwood. Celui-ci est fait prisonnier dans les geôles du château et va tenter de s'échapper...
Dans le jeu, cette introduction est ponctuée de jolies images, même si on aurait apprécié qu'elles soient un peu plus animées. La notice du jeu est en revanche assez bien fournie, en détaillant le scénario et les personnages principaux à l'aide de quelques artworks.
Je commence à diriger Del dans sa cellule de prison afin d'essayer de sortir. Première très bonne nouvelle, le jeu est traduit en français ! Ensuite, plus d'écrans fixes comme son ancêtre, ni de commandes à la souris! Shadowgate 64 permet de se déplacer librement dans les pièces que l'on a à visiter à l'aide du joystick et d'interagir avec les objets avec les boutons de la manette. Grosse évolution, mais logique en 1999. Cependant, Del doit avoir piqué les bottes de plomb de Link car il a vrrrraiment du mal à avancer. Je suis conscient que ce type de jeu ne demande pas de courir comme un lapin, mais vu la tâche d'exploration qui m'attendait, j'aurais aimé pouvoir marcher un peu plus vite. Par contre, le menu d'utilisation des objets est bien, on s'y repère vite et on accède aux items sans se prendre la tête. Je regrette juste que l'interaction des objets avec l'environnement soit plus limitée que dans le premier épisode. c'est une liberté (certes anecdotique) que j'avais appréciée dans le premier épisode (oui j'avais bêtement utilisé l'épée sur Jair, et m'étais retrouvé face à la mort, le message me disant que le suicide n'était vraiment pas la bonne solution pour finir le jeu...)
Autre nouveauté, j'ai l'occasion de pouvoir interagir avec quelques personnages et dans un premier temps Agaar, le magicien présent dans la cellule d'a côté. Cette interaction apportera un peu plus d'humanité aux personnages pendant le jeu, chose qui n'existait pas dans le premier épisode. C'est positif car cela favorise l'immersion dans le scénario. Le problème qui limite cette immersion, c'est que les personnages sont cubiques et très peu animés, ce qui gâche la qualité visuelle du jeu.
Ambiance pesante et graphismes minimalistes
D'ailleurs, suite à cette visite dans la cellule, les premières impressions sur la qualité graphique se forment. Les graphismes sont très moyens, pas immonde non plus, mais pour un jeu qui demande du temps de recherche et de contemplation, ça aurait pu être mieux. Cette impression m'est restée tout au long du jeu, malgré quelques passages qui s'en sortent un peu plus honorablement lorsque l'on atteint l'extérieur ou les parties plus luxueuses du château.
Le jeu en lui-même consiste à progresser dans les différentes parties du château afin d'en savoir plus sur le vrai but de Del et de faire avancer le scénario. Cette progression est relativement lente, ce qui apporte une certaine paisibilité dans la façon de jouer. Pas de pression, pas de limite de temps, c'est agréable. J'ai l'impression de revivre une aventure de Pip dans la série de Livres Dont Vous Etes Le Héros "Quête du Graal", l'humour en moins. Mais cette lenteur finit à la longue par peser, d'abord à cause de Del qui marche avec ses bottes de plomb, mais aussi par une ambiance qui s'avère pesante. Les musiques accompagnant l'aventure sont discrètes et peu entrainantes, on est très souvent seul à errer dans des pièces désertes, et en plus on reste coincé sur les énigmes, qui ont parfois une solution loin de ce qu'on pouvait imaginer. En fait, on a vraiment l'impression de se promener dans un château du Moyen-Âge à moitié abandonné. Ah mais ça correspond à la réalité du jeu en fait! Bien joué de la part des développeurs, mais cela peut s'avèrer vite lourd lorsqu'on ne sait plus vraiment où aller, et la lassitude s'installe. J'en suis presque arrivé à me dire que Del n'était pas mort assez de fois (en comparaison avec le premier épisode, Del doit avoir 100 fois moins de chance de mourir que Jair!)
Le jeu n'est pas simple
Je vais donc maintenant libérer ma conscience... j'ai triché pour finir le jeu! Cela m'a permis de relancer le scénario quatre ou cinq fois et d'éloigner la lassitude qui s'était installée. Et vu la solution de certaines énigmes, je ne regrette pas, je n'aurais de toute façon pas trouvé, ou alors par chance. Ca m'a permis de ne pas décrocher et de continuer mon avancée tranquillement dans le château. J'ai d'ailleurs constaté que le jeu est beaucoup plus intéressant dans sa seconde partie, une fois qu'on a réussi à atteindre la partie extérieure habitée. N'abandonnez donc pas trop vite!
Certaines énigmes sont d'ailleurs assez bien trouvées, et les réponses pas forcément celles que l'on croit, surtout si on n'a pas croisé la bonne personne ou lu le bon bouquin. J'ai bien aimé l'énigme des miroirs, ou encore le labyrinthe qui reprend le principe de la torche qui s'éteint si on ne le finit pas assez vite. Joli clin d'oeil au premier épisode!
Il est donc temps de conclure. Shadowgate 64 n'est pas un mauvais jeu, loin de là. Malgré des défauts frappants, il s'adresse à des joueurs peu exigeants en matière de graphismes, très patients dans l'exploration, courageux dans la lecture de livres et malins (voire chanceux) dans la résolution d'énigmes. Je suis conscient que ce n'est pas représentatif de beaucoup de joueurs. Moi-même n'ai pas pu m'empêcher de tricher, mais j'en garde un bon souvenir car l'histoire médiévale qui se dégage reste agréable à suivre. Le brin de nostalgie m'influence aussi, Lakmir et Jair n'étant pas si loin dans cet épisode... À vous de le découvrir.